Nous serons des millions de musulman(e)s à prononcer l’invocation de la rupture du jeûne tous les jours durant le mois de Ramadan. Ce jeûne (du mois de Ramadan) constitue même l’un des cinq piliers de l’Islam. Qui dit pilier, dit élément fondamental ; mais pourquoi Allah a-t-il donné tant d’importance au jeûne ? C’est ce que nous allons essayer de mettre en évidence à travers un récit prophétique.
D’après Abu-Hurayra رضي الله عنه , le Messager d’Allah صلى الله عليه وسلم a dit : « Toutes les bonnes œuvres du fils d’Adam sont démultipliées du simple au décuple, jusqu’à sept cents fois, dit Allah عز و جل , sauf le jeûne, qui M’appartient et J’en octroie la rétribution ; (le serviteur) y abandonne son désir, sa nourriture et sa boisson pour Moi. » Il dit aussi : « Le jeûneur a deux joies, une première lors de la rupture du jeûne, et une seconde lorsqu’il retourne à son Seigneur. » et « L’haleine du jeûneur est plus parfumée auprès d’Allah que le musc. »
[Rapporté par Boukhari]
Abu Hamid al-Ghazali, mort en 505 H – رحمه الله – a dit : « Allah le Très-haut a dit : Les endurants auront leur pleine récompense sans compter. Le jeûne est la moitié de l’endurance, de la patience. La récompense qu’il génère transcende la loi de l’estimation et du calcul. »
[Extrait de Ihyaa ‘ulum ad-dîn (1/231)]
Pourquoi est-il dit que le jeûne est la moitié de la patience ? Mais qu’est-ce que la patience ?
Amr b. Uthman Al-Makki a dit : « La patience c’est le fait de se maintenir fermement auprès d’Allah et d’endurer les épreuves avec satisfaction et abnégation* ». Cela signifie qu’on doit réagir calmement et sereinement face aux épreuves et ne pas manifester de courroux et de protestation.
[La voie de la patience – P.10]
Ibn Al Qayyim, mort en 751 H – رحمه الله – alimente cette définition en précisant que la patience est de 3 sortes : la patience dans l’accomplissement des ordres d’Allah, la patience contre les interdits d’Allah et les infractions à la religion afin de ne pas y tomber et la patience face aux implications douloureuses du décret d’Allah en les acceptants sans se courroucer.
Cheikh Ibn Uthaymin, mort en 1422 H – رحمه الله – a dit :
« Les actes cultuels sont récompensés de sorte qu’un acte compte pour dix à sept cents fois, voire multipliés de nombreuses fois. Le jeûne fait exception car c’est Allah qui en assure la récompense. Autrement dit, sa récompense est particulièrement énorme. Selon les savants, c’est parce que le jeûne englobe les trois sortes d’endurance : celle qui consiste à obéir fermement à Allah, celle qui revient à se passer de tout ce qui est interdit par Allah et celle qui s’exprime par l’encaissement des douloureux décrets divins. Tout d’abord, il permet d’obéir fermement à Allah car en supportant le jeûne nous obéissons à Allah. Aussi, le jeûne nous permet d’éviter ce qu’Allah a interdit à travers l’abandon de ce qu’Allah a interdit au jeûneur. Enfin, le jeûne nous permet d’endurer les décrets divins dans la mesure où le jeûneur souffre de la douleur provoquée par la soif, la faim, la paresse et la torpeur. Puisqu’il en réunit les trois sortes, le jeûne implique le plus haut degré d’endurance. C’est pourquoi, dans une traduction rapprochée, Allah le Très-haut nous dit : « les endurants auront leur pleine récompense sans compter ».
[Extrait de charh al-moumti’ (6/458)]
قُلْ يَٰعِبَادِ ٱلَّذِينَ ءَامَنُوا۟ ٱتَّقُوا۟ رَبَّكُمْ ۚ لِلَّذِينَ أَحْسَنُوا۟ فِى هَٰذِهِ ٱلدُّنْيَا حَسَنَةٌۭ ۗ وَأَرْضُ ٱللَّهِ وَٰسِعَةٌ ۗ إِنَّمَا يُوَفَّى ٱلصَّٰبِرُونَ أَجْرَهُم بِغَيْرِ حِسَابٍۢ
Dis : « Ô Mes serviteurs qui avez cru ! Craignez votre Seigneur. » Ceux qui ici-bas font le bien, auront une bonne [récompense]. La terre d’Allah est vaste et les endurants auront leur pleine récompense sans compter.
Sourate 39 – Verset 10
*Faire preuve d’abnégation : Sacrifice total au bénéfice d’autrui de ce qui est pour soi l’essentiel.
Par Y. H.